Évangile et lettres de Jean : des liens possibles?

1 Jean

Première épître de Jean 4,11–12.14–17
Papyrus 9 - P. Oxy. III 402, recto
Houghton Library, MS Gr SM3736 (photo : Wikipedia)

Le Nouveau Testament comporte trois lettres que la Tradition a attribuées à Jean l’évangéliste : 1 Jean, 2 Jean et 3 Jean. Leur similitude dans le vocabulaire, la pensée, le style, ne laisse aucun doute que ces textes proviennent du même milieu ecclésial ou communautaire que le quatrième évangile. Ce sont donc des écrits « johanniques ».

2 Jean et 3 Jean sont de courts billets de circonstance, signés par l’« Ancien ». Dans 2 Jean, l’Ancien écrit « à la Dame élue et à ses enfants », probablement une Église, la prévenant contre le travail missionnaire de certains prédicateurs qui « ne professent pas la foi à la venue du Christ dans la chair » (2 Jn 7); l’Ancien voudrait qu’on évite de faire bon accueil à de tels « séducteurs » et « antichrists » (2 Jn 10). Dans 3 Jean, l’Ancien écrit à Gaïus pour intercéder en faveur des missionnaires qu’il envoie et qui se voient renvoyés par un dénommé Diotréphès.  

1 Jean est davantage un traité théologique qu’une lettre. Il est anonyme et rédigé par bouts à la première personne du pluriel : « Nous vous écrivons » (1 Jn 1, 4), parfois à la première personne du singulier : « Je vous écris » (1 Jn 2,12). Nous y apprenons que certains ont quitté la communauté johannique en groupe, provoquant une sorte de schisme (1 Jn 2,18-19). 1 Jean semble être destiné à renforcer la conviction de ceux et celles qui sont restés.

Sur le fond, 1 Jean prône de conserver les valeurs et croyances fondamentales de la communauté d’origine :
« Mes bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien, que vous avez depuis le commencement. » (1 Jn 2,7)

Nous ignorons l’ordre chronologique de composition des écrits johanniques. La majorité d’interprètes penche pour l’antériorité de l’évangile. Les lettres seraient alors les témoins de difficultés vécues par la communauté johannique après le décès du fondateur, dont le départ prématuré est expliqué dans l’épilogue de l’évangile (Jn 21,20-25). Dans ce cas, 1 Jean, 2 Jean et 3 Jean seraient des écrits johanniques, mais pas nécessairement des lettres de la main de Jean l’apôtre ou l’évangéliste.

Si nous acceptons cette chronologie, 1 Jean peut être lu comme un commentaire de l’évangile, un guide qui permet de rappeler l’essentiel du message évangélique à la communauté :

« Et voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : Dieu est lumière, en lui point d’obscurité. » (1 Jn 1,5)

« Et voici le message que vous avez entendu dès le commencement : que nous nous aimions les uns les autres. » (1 Jn 3,11)

Même si les lettres johanniques n’ont pas le statut ou le prestige du quatrième évangile, elles nous rappellent des points essentiels de la foi chrétienne et contiennent des passages inspirants :

« Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. » (1 Jn 4,8)

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu, qu’il ne voit pas» (1 Jn 4,20)

Bonne lecture!

Rodolfo Felices Luna

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