À l’époque de Jésus, la population juive, bien que disséminée à travers le monde (diaspora), vit surtout en Palestine. Trois provinces sous contrôle romain se partagent 500 000 habitants (selon certaines estimations).
Dans l’ensemble, la population galiléenne est juive et pratiquante. Elle participe au culte à Jérusalem. Cette région est relativement fertile : le commerce international s’y développe. Grâce à ses multiples voies d’accès, elle s’ouvre aux influences extérieures, à la faveur de contacts fréquents avec l’étranger.
Au centre du territoire palestinien s’étend la Samarie. La population de cette province se prétend héritière légitime d’Israël. En rupture avec le judaïsme officiel, les Samaritains ont érigé leur propre temple sur le mont Garizim (Jn 4,20). Ils ne reconnaissent que le Pentateuque comme écritures saintes.
Les Samaritains sont d’ascendances diverses en raison de la chute du Royaume du Nord en 722. L’arrivée de colons étrangers suivit alors une déportation massive de la population. De ce fait, les Juifs suspectent les Samaritains qu’ils tiennent pour infidèles, d’où les relations tendues entre les deux peuples (Lc 9,52; Jn 4,9).
La Judée constitue le centre religieux et politique du judaïsme en raison de la présence de Jérusalem et du temple. Ici, une population relativement homogène de juifs pratiquants subit l’emprise de Rome, de son armée et de ses administrateurs. Cette province occupe le sud de la Palestine.
Chacune des provinces est sous la responsabilité d’un gouverneur qui représente l’Empereur romain. À l’époque de Jésus, Hérode Antipas est tétrarque de Galilée et Ponce Pilate, procurateur de Samarie et de Judée.
Jérusalem vit sous un double gouvernement. Pilate est procurateur romain. Le Sanhédrin, ou grand conseil, a juridiction sur les affaires de la communauté juive. Le Sanhédrin, composé de 71 membres (anciens, grands prêtres, scribes, pharisiens), détient un certain pouvoir politique. Il vote des lois et sa propre police en assure le respect. Son pouvoir religieux pèse lourd. Le Sanhédrin fixe la doctrine et les pratiques religieuses juives.
Quatre langues principales coexistent à cette époque en Palestine. Chacune appartient à un domaine de la vie publique :
Les prêtres sont d’abord des officiers du culte au service de la liturgie sacrificielle du temple. Ils ne sont ni chefs de communauté ni pasteurs à la manière des prêtres chrétiens. Cependant, certains jouissent de l’estime de la population et exercent une réelle influence au sein de la société. Le sacerdoce israélite est héréditaire. Quelques grandes familles de prêtres monopolisent les plus hauts postes dans la hiérarchie du temple.
Les grands prêtres appartiennent à l’une des quatre grandes familles sadducéennes (descendantes du prêtre Sadoq) et donc, à l’aristocratie de Jérusalem. Chef du peuple, responsable de la loi et du temple, le grand prêtre préside le Sanhédrin. Au temple, il est le seul autorisé à entrer dans le Saint des Saints (pièce la plus sacrée). Nommé et destitué par les rois juifs et les gouverneurs romains, il cherche à plaire au pouvoir. Le grand prêtre encaisse une part des revenus du temple, ce qui lui assure une richesse considérable.
Membres de l’aristocratie sadducéenne, ce sont des fonctionnaires du temple. Parmi eux, on compte :
Au nombre d’environ 7000, ils offrent les sacrifices au temple et assurent l’entretien du parvis des prêtres. Divisés en 24 classes ou équipes, ils travaillent une semaine à la fois. On tire au sort leurs fonctions (Lc l, 9). Tous sont en poste durant les pèlerinages.
Affectés au temple une semaine sur 24, plus les jours de pèlerinage, les prêtres assurent environ cinq semaines de service par année. Ce sont des « travailleurs saisonniers ». Le reste du temps, ils peuvent faire office de conseillers au tribunal et exercer divers métiers (charpentiers, tailleurs de pierre, bouchers, etc.). Les plus instruits peuvent devenir scribes. Plusieurs sont aussi pharisiens. Les prêtres partagent la condition modeste du peuple.
Sorte de bas-clergé ayant peu de pouvoir. Le nombre de lévites s’élève environ à 10 000. Ils se répartissent, tout comme les prêtres, en 24 classes (équipes), en service cinq semaines par année. Ils exercent au temple des fonctions considérées comme subalternes : musique, entretien, sécurité. Leurs revenus sont très modestes. Ils ne reçoivent aucune part des sacrifices.
Issus de l’aristocratie laïque, ce sont des notables, riches commerçants ou fermiers, chefs de village. Associés au temple, cœur des activités commerciales de la Judée, ils tiennent à leur pouvoir et voient à entretenir des relations harmonieuses avec Rome.
Commerçants et artisans s’adonnent à une intense activité économique autour du temple. Ils sont boulangers, tailleurs, parfumeurs. Plusieurs exercent des métiers liés aux pèlerinages : vente de bibelots, hôtellerie, restauration, transport et alimentation.
De petits propriétaires terriens vivent en autarcie ou s’adonnent au troc. Certains exercent des métiers jugés honteux : les tanneurs sentent mauvais, les tisserands sont menteurs, les bergers volent les bêtes des autres. Parmi le peuple, on compte aussi les ouvriers et les journaliers qui offrent leurs services aux exploitants agricoles ou aux artisans.
Les sans-emploi subviennent à leurs besoins du mieux qu’ils peuvent. Parmi eux se retrouvent les lépreux, tenus à l’écart de la communauté. Certains de ces miséreux deviennent mendiants ou voleurs. Les esclaves appartiennent aussi à cette catégorie.
Très instruits, ce sont les spécialistes de la Loi, interprètes officiels des Écritures. La plupart sont laïques, certains font partie du Sanhédrin. Importants et respectés en raison de leur compétence, ils jouent le rôle de guides spirituels pour le peuple.
Le terme « pharisien » signifie « séparé » et désigne au départ un groupe qui a pris ses distances par rapport aux rois asmonéens, jugés infidèles. Le titre prendra une connotation spirituelle et exprimera le désir de vivre séparé du péché. Très respectueux de la loi, les pharisiens adaptent des pratiques religieuses contraignantes, mais qui reflètent une foi authentique. Jésus ne leur est pas systématiquement opposé. Il attaque l’hypocrisie de certains, et, leur reproche d’accabler la population qui admire leur ferveur.
La doctrine des Sadducéens nous est mal connue. Membres de l’aristocratie sacerdotale, ils acceptent uniquement le Pentateuque (cinq premiers livres de la Bible) comme Écritures saintes, rejetant les autres écrits et la tradition orale. Ils ne croient pas en la résurrection. Les Sadducéens collaborent avec Rome pour maintenir leur pouvoir. Ce sont de farouches opposants à Jésus et au christianisme. On perd leur trace après la destruction du temple en 70 ap. J.-C.
Ignorée du Nouveau Testament, cette communauté monastique installée au bord de la mer Morte a laissé les célèbres manuscrits de Qumrân, découverts en 1947. Son chef est appelé « Maitre de Justice ». Les Esséniens vivent à l’écart de la population juive qu’ils jugent trop tiède du point de vue religieux. Ils se consacrent à préparer la venue du Règne de Dieu.
De 150 av. J.-C. à 300 ap. J.-C., divers mouvements baptistes proposent des rites de purification et de conversion comme alternative au culte du temple. Jean-Baptiste dirige un de ces groupes qui lui survivra quelque temps. (Ac 19, 1-7).
Il s’agit de non-juifs sympathisants du judaïsme. Ils se répartissent en deux types :
Mentionnés en Matthieu 22,16; Marc 3,6; 12,13, ils forment un groupe difficile à cerner :
— des fonctionnaires au compte des princes descendants d’Hérode le Grand?
— des membres ou des partisans de la famille hérodienne?
Ce mouvement rassemble des intégristes violents prêts à tuer les auteurs de gestes qui, à leurs yeux, portent atteinte à la sainteté de Dieu et de son temple. Les Zélotes n’hésitent pas à éliminer quiconque (juif ou non-juif) collabore avec l’autorité romaine.
Source : La Bible pas à pas – Feuillet no 20