David devant Dieu, initiale d'un manuscrit latin d'époque médiévale
Dans la version catholique de l’Ancien Testament, le recueil des psaumes (psautier) fait partie des livres poétiques et sapientiaux (écrits de la sagesse). Trésor de la prière d’Israël, les psaumes forment un des plus grands ensembles littéraires de la Bible. Un des plus variés aussi.
En hébreu, on parle de tehillîm : « prières de louanges ». Les psaumes sont-ils des louanges lorsqu’ils expriment angoisse et repentir ou lorsqu’ils demandent le secours de Dieu? Oui, répond Israël. Car se tourner vers Dieu et le reconnaître comme sauveur, c’est affirmer sa puissance, sa grandeur, sa royauté. C'est bien là une forme de louange!
En grec, le psalmoi, est un chant accompagné d’instruments à cordes : le grec met davantage l ‘accent sur le caractère liturgique et musical des psaumes. Psalmoï a donné le mot « psaume » en français.
Le texte des psaumes donne très peu d'indications quant à leur usage :
Prière officielle d’Israël, le psautier nous introduit au cœur de l’expérience de l’Alliance, telle que vécue par Israël au fil des siècles. L’Église l’a intégré dans sa liturgie. Les psaumes sont au cœur de la prière des Heures (office divin). À l’eucharistie, l’assemblée répond à la première lecture par la prière d’un psaume.
On compte 150 psaumes qui varient beaucoup en étendue :
Sans doute, des milliers de psaumes ont jalonné la longue histoire du peuple juif. Ceux-ci ont été conservés parce que :
Certains psaumes portent deux numéros. Par exemple, dans la Bible de Jérusalem, on trouve : Psaume 127 (126). D'où vient cette double numérotation?
La version grecque diffère de la Bible hébraïque quant au découpage des psaumes :
Vous n’arrivez pas à suivre? Peu importe. Rappelez-vous simplement que le chiffre le plus élevé correspond à la numérotation hébraïque :
La tradition juive attribue l’écriture du psautier au roi David :
La question de l’auteur devient secondaire dans la mesure où les psaumes sont des créations liturgiques : la liturgie nous met en relation avec des acteurs, ceux qui ont prié ces psaumes, plutôt qu’avec des auteurs.
La rédaction du psautier s’étend sur environ huit siècles. La datation de chaque psaume demeure incertaine. Des indices nous en donnent quand même une idée :
Une large part des psaumes proviennent de la période suivant l’exil à Babylone :
Les psaumes les plus récents dateraient d’environ 200 av. J.-C., alors qu’on traduisait l’Ancien Testament en grec. Cette opération marquera la fermeture du psautier.
Prière liturgique, les psaumes expriment les multiples facettes des relations entre Dieu et son peuple. Pour les mieux traduire, les auteurs recourent à plusieurs genres littéraires dont voici les principaux.
On remercie Dieu des bienfaits accordés; Israël rend témoignage à Dieu en lui rendant grâce : « Qu'ils le redisent, ceux que le Seigneur a défendus. » (Psaume 107,2)
Confronté à l’oppression, à la maladie, au malheur, le psalmiste demeure confiant et espère le salut : son humble condition mais aussi son appartenance au peuple de l’Alliance l’autorisent à implorer le secours de Dieu : « Toi mon Dieu, sauve ton serviteur qui compte sur toi! » (Ps 86,2)
Ils font l'éloge de la vertu et rappellent des principes et des attitudes qui donnent sens à la vie. Certains de ces psaumes ne s’adressent même pas à Dieu! Ainsi, le Psaume 1 loue le fidèle observateur de la Loi et le Psaume 133 dit le « bonheur de se trouver entre frères ».
Le priant a transgressé les commandements de Dieu et s’est coupé de lui : il exprime son regret et surtout son désir d’être réintroduit dans l’Alliance : « Rends-nous en joie tes jours de châtiment [ ... ] que ton action soit visible pour tes serviteurs. » (Ps 90,15-16)
Louange à la royauté de Dieu incarnée par le roi qui veille sur le peuple et assure son bien-être (Ps 145) :
Déçu par la plupart de ses rois, Israël espère en un successeur de David qui instaurera définitivement le règne de Dieu. Ainsi apparaît l'attente messianique : des psaumes royaux traduisent cette espérance : « Oracle du Seigneur à mon Seigneur : /Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. » (Ps 110,1)
Ils interpellent le peuple pour l'amener à célébrer au temple et à poser les gestes liturgiques appropriés :
Les pèlerins qui « montaient» à Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses au temple chantaient vraisemblablement les Psaumes 120 à 134 : « Quelle joie quand on m’a dit : "Allons à la maison du Seigneur." Nous nous sommes arrêtés à tes portes, Jérusalem! » (Ps 122,1)
Denis Petitclerc, bibliste
Source : extrait de La Bible pas à pas – Feuillet no 14