Qu’est-ce qu’un psaume

David

David devant Dieu, initiale d'un manuscrit latin d'époque médiévale

Dans la version catholique de l’Ancien Testament, le recueil des psaumes (psautier) fait partie des livres poétiques et sapientiaux (écrits de la sagesse). Trésor de la prière d’Israël, les psaumes forment un des plus grands ensembles littéraires de la Bible. Un des plus variés aussi.

Qu’est-ce qu’un psaume?

En hébreu, on parle de tehillîm : « prières de louanges ». Les psaumes sont-ils des louanges lorsqu’ils expriment angoisse et repentir ou lorsqu’ils demandent le secours de Dieu? Oui, répond Israël. Car se tourner vers Dieu et le reconnaître comme sauveur, c’est affirmer sa puissance, sa grandeur, sa royauté. C'est bien là une forme de louange!

En grec, le psalmoi, est un chant accompagné d’instruments à cordes : le grec met davantage l ‘accent sur le caractère liturgique et musical des psaumes. Psalmoï a donné le mot « psaume » en français.

Pour quel usage?

Le texte des psaumes donne très peu d'indications quant à leur usage :

  • il s’agirait d’un recueil de prières liturgiques destiné aux grandes fêtes religieuses et aux cérémonies du temple de Jérusalem;
  • quelques passages des psaumes s’adresseraient à la chorale du temple. Ainsi, au Psaume 22,1, la mention « Du chef de chœur, sur « Biche  de l’aurore » semble indiquer    que le psaume se chante sur un air connu de l’époque.

Prière officielle d’Israël, le psautier nous introduit au cœur de l’expérience de l’Alliance, telle que vécue par Israël au fil des siècles. L’Église l’a intégré dans sa liturgie. Les psaumes sont au cœur de la prière des Heures (office divin). À l’eucharistie, l’assemblée répond à la première lecture par la prière d’un psaume.

Quelles dimensions ?

On compte 150 psaumes qui varient beaucoup en étendue :

  • le plus long? Le Psaume 119 : 176 versets;
  • le plus court? Le Psaume 117 : deux versets seulement.

Pourquoi 150 psaumes ?

Sans doute, des milliers de psaumes ont jalonné la longue histoire du peuple juif. Ceux-ci ont été conservés parce que :

  • de générations en générations, ils exprimaient l’expérience du peuple d'Israël avec son Dieu;
  • les 150 psaumes de l’Ancien Testament ont passé l’épreuve du temps et nous sont parvenus, d’autres sont tombés dans l’oubli ou se retrouvent ailleurs dans les Écritures (Jonas 2; Isaïe 38,9-20).

Pourquoi deux numérotations?

Certains psaumes portent deux numéros. Par exemple, dans la Bible de Jérusalem, on trouve : Psaume 127 (126). D'où vient cette double numérotation?

  • le texte original se présentait d’une seule venue. Sans la division en chapitres, en versets, en paragraphes, sans ponctuation, il devenait difficile de déterminer la fin d’un psaume;
  • on a divisé le psautier en 150 psaumes à une époque où deux versions de l’Ancien Testament coexistaient déjà : la version originale, en hébreu, et une traduction grecque, pour les communautés juives qui avaient perdu l’usage de l’hébreu.

La version grecque diffère de la Bible hébraïque quant au découpage des psaumes :

  • les Psaumes 9 et 10, 114 et 115 de l’hébreu forment les Ps 9 et 113 du grec;
  • le Psaume 116 du texte hébreu devient les Psaumes 114 et 115;
  • le Psaume 147 en hébreu devient 146 et 147 dans la version grecque : la numérotation se trouve ainsi décalée d’un chiffre, du Psaume 9 au Psaume 147.

Vous n’arrivez pas à suivre? Peu importe. Rappelez-vous simplement que le chiffre le plus élevé correspond à la numérotation hébraïque :

  • la plupart de nos bibles, parce que traduites du texte hébreu, suivent la numérotation   hébraïque;
  • la liturgie de l'Église catholique adopte la numérotation grecque suivie cependant de la numérotation hébraïque placée entre parenthèses.

Qui a composé les psaumes ?

La tradition juive attribue l’écriture du psautier au roi David :

  • des passages bibliques font de David un chantre et un auteur de psaumes (1 Samuel 18,10; 2 S 1,17-27; 3,33-34);
  • plusieurs psaumes portent la mention « De David », qui pourrait également se traduire « Pour David » : ces psaumes sont-ils écrits par David ou dédiés à ce roi, considéré comme le grand priant et le fondateur de la liturgie juive? La seconde hypothèse serait la plus vraisemblable.

La question de l’auteur devient secondaire dans la mesure où les psaumes sont des créations liturgiques : la liturgie nous met en relation avec des acteurs, ceux qui ont prié ces psaumes, plutôt qu’avec des auteurs.

À quelle époque?

La rédaction du psautier s’étend sur environ huit siècles. La datation de chaque psaume demeure incertaine. Des indices nous en donnent quand même une idée :

  • les plus anciens psaumes remonteraient au 10e s. av. J.-C., c'est-à-dire à l’époque des    débuts de la monarchie en Israël et d’une liturgie organisée avec le roi David;
  • des psaumes circulaient sans doute bien avant, mais on aurait commencé à les mettre par écrit avec les premières institutions sociales et religieuses d’Israël.

Une large part des psaumes proviennent de la période suivant l’exil à Babylone :

  • la communauté juive reconstruit le temple de Jérusalem;
  • le culte sacrificiel et les pèlerinages reprennent : Israël a donc besoin d’une liturgie      mieux organisée.

Les psaumes les plus récents dateraient d’environ 200 av. J.-C., alors qu’on traduisait l’Ancien Testament en grec. Cette opération marquera la fermeture du psautier.

Quels genres littéraires?

Prière liturgique, les psaumes expriment les multiples facettes des relations entre Dieu et son peuple. Pour les mieux traduire, les auteurs recourent à plusieurs genres littéraires dont voici les principaux.

Psaumes d'action de grâce

On remercie Dieu des bienfaits accordés; Israël rend témoignage à Dieu en lui rendant grâce : « Qu'ils le redisent, ceux que le Seigneur a défendus. » (Psaume 107,2)

Psaumes de demande

Confronté à l’oppression, à la maladie, au malheur, le psalmiste demeure confiant et espère le salut : son humble condition mais aussi son appartenance au peuple de l’Alliance l’autorisent à implorer le secours de Dieu : « Toi mon Dieu, sauve ton serviteur qui compte sur toi! » (Ps 86,2)

Psaumes de sagesse

Ils font l'éloge de la vertu et rappellent des principes et des attitudes qui donnent sens à la vie. Certains de ces psaumes ne s’adressent même pas à Dieu! Ainsi, le Psaume 1 loue le fidèle observateur de la Loi et le Psaume 133 dit le « bonheur de se trouver entre frères ».

Psaumes de pénitence

Le priant a transgressé les commandements de Dieu et s’est coupé de lui : il exprime son regret et surtout son désir d’être réintroduit dans l’Alliance : « Rends-nous en joie tes jours de châtiment [ ... ] que ton action soit visible pour tes serviteurs. » (Ps 90,15-16)

Psaumes royaux

Louange à la royauté de Dieu incarnée par le roi qui veille sur le peuple et assure son bien-être (Ps 145) :

  • psaumes liturgiques d’intronisation du roi d'Israël (Ps 2);
  • psaumes où le roi témoigne sa fidélité à Yavhé et demande sa protection (Ps 132).

Psaumes messianiques

Déçu par la plupart de ses rois, Israël espère en un successeur de David qui instaurera définitivement le règne de Dieu. Ainsi apparaît l'attente messianique : des psaumes royaux traduisent cette espérance : « Oracle du Seigneur à mon Seigneur : /Siège à ma droite, que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. » (Ps 110,1)

Psaumes invitatoires

Ils interpellent le peuple pour l'amener à célébrer au temple et à poser les gestes liturgiques appropriés :

  • « Entrez par ses portes en rendant grâce, dans ses parvis en le louant! » (Ps 100,4)
  • « Entrez! Allons nous incliner, nous prosterner; à genoux devant le Seigneur qui nous a faits! » (Ps 95,6)

Psaumes des montées

Les pèlerins qui « montaient» à Jérusalem pour les grandes fêtes religieuses au temple chantaient vraisemblablement les Psaumes 120 à 134 : « Quelle joie quand on m’a dit : "Allons à la maison du Seigneur." Nous nous sommes arrêtés à tes portes, Jérusalem! » (Ps 122,1)

Denis Petitclerc, bibliste

Source : extrait de La Bible pas à pas – Feuillet no 14

Retour au plan de la leçon